
L’histoire commence dans le Perche. Un vide grenier de printemps, où je ne cherche rien de précis mais espère comme toujours un trésor. Mon regard se glisse dans le joyeux déballage de toutes sortes de meubles, vaisselle, linge, objets plus ou moins utiles, incongrus ou pas du tout intéressants.
Au milieu d’un bazar d’outils divers, une tache bleue attire mon regard. Esseulée, posée là comme par inadvertance, c’est une veste de travail. Je déplie la chose, curieuse de savoir si par hasard on pourrait s’entendre elle et moi.
Deux gros trous sur la droite, mais l’état général est bon et une belle broderie “RAMON” rutile en lettres rouges sur la poche poitrine. Il ne m’en faut pas plus, j’achète !!
Retour à la maison, les deux trous sur la droite m’intriguent, ils ne semblent pas correspondre à une usure habituelle pour un vêtement de travail comme celui-là. En regardant de plus près, je vois qu’autour des trous de la manche la toile est affaiblie, comme par un frottement. C’est en essayant la veste que je comprends : les points d’usure pourraient correspondre à l’impact répété du recul d’un fusil. Supposition qui semble se confirmer au moment où je découds la poche poitrine intérieure pour prélever de quoi faire la réparation des trous : coincée dans le creux de la couture je découvre une minuscule plume brune tachetée de blanc.
Je suis donc en présence d’un vêtement de travail devenu “veste de chasse", qui a peut-être alterné ces utilisations, chasse et bricolage…
Avec le tissu récupéré de la poche intérieure je réalise les patchs pour une réparation sashiko, que je fixe avec un fil rouge, selon un quadrillage au profil irrégulier créant un halo sur toute la zone réparée.
A l’intérieur je recrée une nouvelle poche et une surprise colorée avec un coupon japonais très graphique, utilisé également pour renforcer sur l'intérieur la partie usée de la manche.

Cette veste est maintenant réparée, portée et ne verra sans doute plus ni fusil ni cartouche et sans doute pas davantage de caisse à outils !
Mon seul regret : ne pas avoir pu déchiffrer la marque du fabricant pour en tracer l’origine.
Isabelle Cabrita
Comments